La centrale "TchernoBlaye"

28 décembre 1999 : inondation de
la centrale nucléaire du Blayais :
à deux doigts de la catastrophe

Vidéo France3


Sud Ouest, 5 janvier 2000

Après la tempête - Centrale de Blaye
Très près de l'accident majeur

La centrale nucléaire du Blayais n'a pas résisté à la tempête de la fin de siècle. Le scénario catastrophe a été évité de justesse. La conception du site est sans doute à revoir.

Les tranches 1 et 2 de la centrale nucléaire du Blayais, à l'arrêt depuis la tempête des 27 et 28 décembre dernier, sont passées très près d'un véritable scénario catastrophe, et elles vont vraisemblablement devoir être déchargées de leur combustible, le temps que d'importantes réparations soient effectuées sur le site.

En effet, l'inondation d'une bonne partie des bâtiments a successivement mis hors d'usage plusieurs installations de sauvegarde, comme le circuit d'injection de sécurité (RIS), qui permet de rétablir le niveau du circuit primaire, et l'EAS (aspersion de l'enceinte), qui permet de faire baisser la température à l'intérieur du bâtiment réacteur en cas d'accident.

Quand ce fut au tour, à 8 h 23, le matin du 28 décembre, de la moitié des pompes du circuit SEC (eau brute de sauvegarde), qui prélève l'eau en Gironde, la situation est devenue très grave.

C'est le SEC qui assure en effet le refroidissement de l'ensemble, par l'intermédiaire d'autres circuits, et la sûreté de la tranche n° 1 ne tenait plus qu'à deux pompes, justifiant le déclenchement d'un plan d'urgence interne.


FUSION

Comme l'explique Christophe Quintin, responsable de la division nucléaire à la DRIRE (Direction régionale de l'industrie, de la recherche et de l'environnement) de Bordeaux, « si le SEC avait lâché, on se retrouvait dans la configuration de l'exercice fait à Golfech en novembre dernier, où l'on avait simulé la fusion du coeur de la centrale au bout de dix heures ». La fusion du coeur étant l'accident le plus grave qui puisse survenir à une centrale nucléaire et peut conduire à la rupture de l'enceinte de confinement.

Cette possibilité est tellement prise au sérieux que les experts de l'Institut de protection et de sûreté nucléaire (ISPN) calculent actuellement quelle a été la probabilité de s'en approcher le 28 décembre dernier.

Hier, Jérôme Goellner, adjoint au directeur de la sûreté des installations nucléaires (DSIN), s'est rendu à Blaye en compagnie de Christophe Quintin pour une « visite technique » destinée à évaluer la situation pour prendre des décisions aujourd'hui.

La DSIN devrait faire connaître en fin d'après-midi ses recommandations pour les prochains jours.

Il s'agit dans l'immédiat de remettre tous les équipements en marche, pompes, vannes et autres appareils pour assurer la sécurité qui est en partie rétablie, permettant l'allègement du plan d'urgence interne.

Cette phase devrait être terminée vers la mi-janvier, indiquait hier l'EDF. Il faudra aussi rétablir les digues de la centrale avant les grandes marées prévues à la fin du mois.


VINGT ANS APRÈS


Mais tout le matériel, qui a été plongé dans l'eau saline de la Gironde, est sérieusement endommagé, corrodé, et il faudra sans doute prévoir ensuite de longs travaux, plusieurs semaines, expliquait hier la direction de la centrale.

Pour les entreprendre en toute sûreté, les autorités de tutelle d'EDF envisageaient sérieusement hier de recommander le déchargement du combustible des tranches 1 et 2.

Ce qui les rendrait plutôt indisponibles pour quelques mois.

Il faudra aussi comprendre, explique Christophe Quintin, pourquoi une centrale nucléaire, dont la plate-forme devait rester hors d'eau à la suite d'une « surcote de marée millénale », a pu voir ses installations vitales submergées par de l'eau qui s'est engouffrée dans les multiples galeries techniques, vingt ans seulement après sa construction.

« On peut se tromper, explique-t-il, il y a un travail de conception à revoir. »

On ne disposait évidemment pas de statistiques précises sur les tempêtes des mille dernières années, mais il faudra désormais tenir compte de celle-ci qui s'est pourtant produite avec un faible coefficient de marée.

Si la conception n'avait pas tout prévu, à aucun moment, en revanche, la gestion de la crise par le personnel EDF n'a été mise en cause par la tutelle. Alors que de banales opérations de maintenance sont parfois dans certaines centrales l'occasion d'erreurs de routine, il semble que le grave incident de la semaine dernière ait été l'objet d'un « sans-faute ».

JEAN-PIERRE DEROUDILLE


Sud Ouest, 6 janvier 2000
APRÈS LA TEMPÊTE - CENTRALE DU BLAYAIS

L'incident le plus grave de 1999

L'autorité de sûreté nucléaire confirme qu'il s'agit d'un défaut de conception et n'autorisera le redémarrage que lorsque le site sera " convenablement " protégé.

L'autorité de sûreté nucléaire a publié hier un communiqué confirmant que l'incident survenu le 28 décembre dernier à la centrale du Blayais est classé au niveau 2 de l'échelle [médiatique] internationale des événements nucléaires (INES) et précisant : " L'inondation a endommagé des pompes et circuits importants et le niveau de sûreté des installations a été affecté. "
Toutefois, elle précise également : " A aucun moment la situation n'a été menaçante, plusieurs lignes de défense étant toujours restées disponibles. " Pour sa part, Martine Griffon-Fouco, déléguée régionale d'EDF , a précisé à " Sud-Ouest " : " C'est un incident qui n'est pas grave, ce n'est pas un accident. A aucun moment les barrières de sûreté n'ont été atteintes. Contrairement à ce que l'on peut entendre, la fusion des coeurs ne pouvait pas se produire.


DÉCISION AUJOURD'HUI

" Jérôme Goellner, adjoint au directeur de la sûreté des installations nucléaires (DSIN), interrogé hier par " Sud-Ouest ", rappelait que le refroidissement du circuit primaire par les générateurs de vapeur était toujours resté opérationnel. C'est d'ailleurs toujours la procédure employée, tant que l'autorisation de le connecter sur le circuit de refroidissement à l'arrêt (RRA) n'a pas été donnée. Or, c'est le RRA qui avait nécessité des interventions sur le réacteur n° 3 lors de son arrêt de maintenance, l'été dernier.
En fait, c'est aujourd'hui que la DSIN prendra la décision concernant la suite des opérations. Les réacteurs n° 1 et 2 resteront à l'arrêt tant que l'EDF n'aura pas fait la preuve que ses installations sont mises à l'abri d'un événement climatique semblable.

Comme le constate le communiqué de la DSIN, " il apparaît que l'inondation de plusieurs locaux situés au-dessous du niveau du sol s'est propagée par des galeries techniques souterraines, elles- mêmes noyées du fait du passage d'eau de la Gironde au-dessus de la digue de protection du site. Ces galeries n'étaient pas conçues pour interdire le passage d'eau.

Selon le commentaire de Jérôme Goellner, " notre appréciation, c'est qu'on n'est pas passé près de la catastrophe, mais qu'il s'agit d'un incident vraiment sérieux, le plus grave de l'année, et qu'il s'agit d'un problème de conception. L'eau s'est répandue par des galeries techniques munies de portes coupe-feu conçues pour protéger d'un incendie, qui n'ont pas résisté à l'eau. C'est aussi sérieux que l'incident de Civaux en mai 1998. "

L'EDF va donc devoir proposer des modifications importantes du site pour prouver qu'il reste hors d'eau en toutes circonstances, même exceptionnelles.

Il faut donc soit l'autoriser à maintenir les réacteurs à l'arrêt avec cuve ouverte, et refroidi par le RRA, soit décharger complètement le coeur, sachant qu'un arrêt " cuve ouverte " ne peut se pérenniser.

En attendant, l'EDF travaille d'arrache-pied à tout remettre en état pour se préparer à la marée de fort coefficient attendue le 21 janvier. 


Sud Ouest, 6 janvier 2000
SÉCURITÉ NUCLÉAIRE

Le cri d'alarme d'un universitaire

 

Pour Jean-Pierre Dufour, l'ouragan du 27 décembre a boulversé les données en matière de sécurité nucléaire

 

Professeur de physique nucléaire, le conseiller régional Vert, Jean-Pierre Dufour, a fait partie de la commission locale d'information et de surveillance de la centrale de Braud-et-Saint-Louis. Il l'a quittée après s'être aperçu que cette structure, placée sous l'autorité du président du Conseil général de la Gironde, n'était pas un modèle de transparence. " C'était la messe. Elle sert de relais à la propagande d'EDF ", affirme l'universitaire, qui avait pourtant pris, dans un premier temps, son rôle au sérieux.

" Je voulais qu'on avance sur un certain nombre de points importants. Il me semblait anormal que les gens chargés de mesurer la radioactivité fassent partie du personnel de la centrale nucléaire, aient leurs bureaux dans les locaux de la centrale et soit tributaires des responsables de la centrale pour leur avancement.

Ils ne pouvaient pas être indépendants. Mais à chaque fois que je soulevais des problèmes de cette nature, la réponse était toujours la même : Ne vous inquiétez pas. "

Au regard de ce contexte, comment appréhender les communiqués d'EDF, de la Direction régionale de l'industrie et de la recherche et de l'Autorité de sûreté nucléaire ? Relèvent-ils de la communication, de l'information ou des deux à la fois?

Un spécialiste comme Jean-Pierre Dufour estime ne pas avoir les éléments suffisants pour se prononcer en connaissance de cause. Tout juste peut-il faire état de quelques impressions.


L'IMPRÉVU MAJUSCULE

" Il ne semble pas y avoir eu de dysfonctionnement opérationnel. Pendant un laps de temps, la centrale a fonctionné sans certains éléments de sécurité. Et il s'en est fallu de peu que d'autres protections soient mises à leur tour hors course ", constate l'universitaire. Le film des événements peut être interprété de manières diamétralement opposées.

Soit on s'inquiète en constatant qu'on a frôlé le pire. Soit on se félicite de l'efficacité des procédés de sauvegarde mis en oeuvre. " On ne peut pas se cacher derrière des slogans du style "on a le nucléaire le plus sûr du monde" ", poursuit Jean-Pierre Dufour. " Le discours d'EDF en matière de fiabilité repose sur des calculs de probabilité.

On sait qu'une pompe peut tomber en panne, qu'un manomètre peut lâcher. A partir de là, on cherche à maîtriser la complexité d'un système et des séquences qui peuvent l'interrompre. Mais ce qui s'est passé à Braud ne relève pas d'une défaillance dite normale. "


LA FORCE DE LA RÉALITE

Par définition, un calcul de probabilité prend en compte ce qui est connu à un moment donné. Les accidents font partie de l'expérience. Mais ils ne peuvent être intégrés qu'a posteriori.

Qu'une marée dans un estuaire ayant la configuration d'un entonnoir se traduise par une onde ne surprend pas. Mais qu'un vent violent soufflant à des vitesses inhabituelles l'amplifie et c'est l'imprévu majuscule. " Quand les événements ne se sont pas produits, personne n'y pense. Une fois qu'ils ont eu lieu, on s'aperçoit que c'est rationnel ", poursuit Jean-Pierre Dufour.

La centrale de Braud était protégée par des mesures de sécurité déduites d'une modélisation reposant sur un système d'hypothèses. La réalité a souligné la faiblesse de cette construction intellectuelle. " On ne sait pas paramétrer l'incendie, l'inondation ou le tremblement de terre ", assure Jean- Pierre Dufour. L'enseignant ne se sent pas pour autant le droit de taper sur le dos des ingénieurs ou des techniciens d'EDF. D'autant que certains d'entre eux ont très certainement eu des réflexes décisifs dans la nuit du 27 au 28 décembre.

" C'est une façon de penser qu'il faut combattre, insiste l'universitaire. Je n'accepte pas ce discours qui se polarise sur la minimisation du risque. Un citoyen ne peut pas accepter que l'on discute de probabilité quand les conséquences d'un sinistre sont à ce point irréversibles. Je ne veux pas faire de catastrophisme. Mais un jour ou l'autre, il y aura une fusion d'un coeur de centrale en France. Et ce sera autre chose à gérer que la forêt sinistrée. Les arbres, cela repousse. "

Dominique Richard


Sud Ouest, 6 janvier 2000
L'EVALUATION DES RISQUES

" Ce qui s'est passé est énorme "

 

Spécialiste des risques techno-scientifiques à l'université de Bordeaux, Simon Charbonneau invite les technitiens d'EDF "à la modestie" après les incidents de la centrale nucléaire de Blaye.

Enseignant à Bordeaux 1, Simon Charbonneau, spécialiste de droit de l'environnement et des risques techno-scientifiques, ne mâche pas ses mots, suite à la révélation des incidents de la centrale du Blayais.

"SUD-OUEST". - Quel a été votre premier sentiment en apprenant les incidents de la centrale nucléaire du Blayais ?

SIMON CHARBONNEAU. - L'article 21 de la loi sur les risques majeurs prévoit une information en temps réel. Il n'a pas été respecté. Ce qui s'est passé est énorme. On implante une centrale en zone inondable, mais on ne prévoit pas que les digues la protégeant puissent être submergées. On mesure toute l'absurdité de cette hypothèse du risque zéro développée dans les années 70 par ces ingénieurs d'EDF plein de morgue qui sortaient de Polytechnique. Certes, ils en ont rabattu depuis. Mais l'affaire du Blayais, s'il en était besoin, ne peut que les inciter à la modestie.

" S.-O.". - Pourquoi avoir implanté une centrale à cet endroit ?

S.C. - Cela présentait un certain nombre d'avantages. La région n'était pas très peuplée, le rivage peu valorisé. Et puis c'était une question de coût. La proximité de l'estuaire permettait de choisir un circuit ouvert, c'est-à-dire de puiser l'eau dans le fleuve pour faire tourner les turbines et de la rejeter dans le milieu suffisamment vaste pour l'absorber. On faisait ainsi l'économie de la construction de tours de réfrigération qui refroidissent sur d'autres sites l'eau avant son rejet. "

"S.-O.". - Quels enseignements tirez-vous de ces incidents ?

S.C. - Imaginons la conjonction d'un fort coefficient de marée, d'une crue importante et d'un grand coup de vent ! C'est la totale ! Le coeur fond, la centrale s'emballe. Qu'est-ce qui peut se passer ? L'enceinte de confinement peut-elle résister et éviter la libération du combustible dans l'atmosphère. On n'en sait strictement rien ! La technologie ne nous protège pas de la nature. Nous sommes toujours dépendants de cette dernière. A Braud-Saint-Louis, le risque technologique a interféré avec le risque naturel. C'est gravissime. Le nucléaire reste toujours dangereux. C'est peu de le dire dans le pays le plus nucléarisé du monde, où il existe un réacteur par million d'habitants.

Recuelli par Dominique Richard

 


POPULATIONS

" Nous aurions le temps "
Le maire de Braud est catégorique. En cas d'accident majeur, il serait " en mesure d'évacuer les populations "

 

"Je sais bien qu'il y a eu des inondations, mais je ne suis quand même pas particulièrement inquiet ", déclare Michel Ninaud, maire de Braud-et-Saint-Louis, commune où est située la centrale nucléaire du Blayais. Et d'ajouter : " Hier encore, nous avons eu une réunion avec les responsables de la préfecture. On se voit tous les jours, et je suis en contact permanent, par fax, par téléphone. " Si un accident majeur devait se produire à la centrale, Michel Ninaud affirme qu'il serait en mesure de mettre en place le plan particulier d'intervention. " En tant que maire, je suis responsable, mais mon rôle serait d'exécuter les ordres de la préfecture, c'est tout. On a déjà fait des exercices avec les populations. On a évacué des personnes, des écoles, etc., sur un périmètre de 5 kilomètres autour de la centrale. Ces exercices sont d'ailleurs périodiques. " En outre, insiste le maire : " Si un grave pépin se produisait, nous aurions le temps de nous organiser, car on dispose d'un délai pour évacuer, de 8 heures à 24 heures. Les points stratégiques où l'on peut conduire les habitants sont déjà identifiés. Quant aux moyens de locomotion, tout est prévu : on réquisitionnerait des ambulances de Bordeaux, de Blaye. Et la commune dispose d'une douzaine de bus qui pourraient également être tout de suite réquisitionnés. "


PASTILLES D'IODE

De l'avis de Michel Ninaud, les habitants sont très bien informés du comportement à adopter en cas de catastrophe. Des brochures sont toujours disponibles à la mairie, et des quantités de ces documents ont plusieurs fois été distribuées. " Ces brochures récapitulent toutes les informations liées aux mesures à prendre pour les humains et ensuite pour les bêtes. Les gens ont des consignes. Ils savent très bien qu'ils devraient se confiner chez eux et attendre les directives. Des messages seraient diffusés par radio et par haut-parleur. Tous disposent également chez eux de pastilles d'iode. "



 A LA CENTRALE


Raz-de-marée médiatique

Le téléphone a commencé à sonner dès 6 heures, hier, à la centrale nucléaire de Braud-et-Saint-Louis, suite à la publication dans nos colonnes de l'article intitulé " Très près de l'accident majeur ".

A 14 heures, des équipes de télévision étaient encore en train de tourner dans la partie nucléaire de l'installation.

A la direction du site, on a passé son temps à répondre aux questions de tous les journalistes de la presse audiovisuelle dépêchés sur les lieux, Wit FM, Sud Radio, Radio France Bordeaux-Gironde, RTL, Europe 1, BFM, LCI, TF 1, M 6, France 2, France 3, France Info national, ITV, Canal +, Reuters...

Parmi les questions récurrentes : " Est-ce vrai que l'on a frôlé la catastrophe ? ", " Est-ce que vraiment vous avez caché des choses ? ", " Où en est l'état des différentes unités de production ? ", ou encore " Que comptez-vous faire pour éviter qu'une telle situation se reproduise ? "

 

 

DRIRE

Onze heures pour décider

 

En cas d'accident, il reste onze heures pour prendre les décisions relatives à la sécurité de la population. Les autorités affirme qu'on était encore loin de ce cas de figure

" On s'interdit de communiquer sur des scénarios. Nous devons rester factuels. " François Goulet, directeur régional de la DRIRE (Direction régionale de l'industrie, de la recherche et de l'environnement), répondait en ces termes, hier, aux questions sur les incidents de fonctionnement à la centrale nucléaire du Blayais dans la nuit du 27 au 28 décembre. " La DRIRE est l'autorité de sûreté, l'EDF est exploitant : je n'ai pas à apprécier sa communication. "

" Il est sûr que si l'on avait été près d'une catastrophe, nous aurions évacué la population ", ajoute François Goulet. " Nous avons onze heures de délai quand tous les systèmes de refroidissement sont en panne.

Il existe quatre ou cinq incidents de type 2 chaque année en France. Au niveau 3, on commence à prendre en compte les rejets externes de la centrale, ce qui nous oblige à prendre en compte la population avec des mesures de confinement. "


TOUT " RETESTER "

Cela aurait été le cas si les deux dernières pompes de secours avaient cessé de fonctionner cette nuit-là au CNPE (Centre nucléaire de production d'électricité). " Nous étions dans une configuration où une voie de refroidissement se trouvait noyée, l'autre non. Il est vrai que certaines barrières ont été défaillantes. Mais les plans d'urgence ont évité la panique et permis une gestion de la crise. Ce fut un incident. "

Le directeur régional de la DRIRE poursuit : " Aujourd'hui, il faut que tout soit revu; tout "retester", et vérifier la galerie technique. Ce problème de l'eau peut se poser pour toutes les centrales en bord de mer, même si celle de Blaye est la seule en estuaire. Des expertises sont en cours avec les autorités de sûreté. Les vérifications vont aussi être faites, afin de vérifier si les données d'exploitation étaient bonnes. "

Quant à savoir combien de centimètres d'eau en plus auraient noyé les deux dernières pompes de secours, affirme François Goulet : " Je n'ai pas l'information. " Car même si dans la graduation du risque existent sept niveaux, c'est bien à partir du troisième que des rejets gazeux sont effectués hors de la centrale par les clapets de sécurité.

Hier, on ne parlait que de confinement des populations, mais pas d'évacuation. Cela étant, lors de la dernière simulation d'accident nucléaire effectuée le 5 novembre 1998 sur les communes de Braud- et-Saint-Louis et Reignac, celle-ci était liée à une alerte de niveau 3. Et le scénario avait prévu des cars de l'armée de terre venus récupérer les enfants pour les éloigner de la zone.

La route leur était ouverte par les motards de la gendarmerie. Avec, dans un périmètre de 5 kilomètres autour de la centrale (le premier périmètre de sécurité), des gendarmes partout.

Patrick Faure


Pastilles d'iode : une plaisanterie.

EDF aurait menti quant à la vraie hauteur des digues !

D'incroyables et très graves défauts de conception.

TchernoBlaye montre que la centrale est toujours inondable.

"Faîtes-nous confiance, cette fois-ci nous avons tout prévu."

Reportage photo : les digues de la centrale (avant travaux).


blaylowe.jpg (21249 octets)


 

Pastilles d'iode : une plaisanterie.

Dans le rapport parlementaire du député UDF Claude Birraux réalisé à la suite de l'inondation de décembre 99, on peut lire ceci :

Question : En cas d’aggravation de la situation, s’il avait fallu prendre des mesures d’évacuation de la population, cela aurait-il été possible dans le contexte de la tempête (route coupée, absence de courants…) ?
Réponse du Rapporteur : Non, d’où l’utilité des distributions de pastille d’iode.


A TchernoBlaye, on aurait envie d'en rire, si ce n'était pas aussi dramatique. Il est bien clair que les pastilles d'iode ne constituent qu'un protection infime ! Au fait, qu'en pensent les habitants du Blayais et du Médoc ?

Un "plan" permettant de remédier (?) à l'isolation de la centrale est semble-t-il en cours d'élaboration. Il y serait question de l'intervention du Génie. A moins qu'il ne s'agisse du bon Génie de la lampe d'Alladin, nous ne voyons pas comment cela pourrait suffire.


EDF aurait menti quant à la
vraie hauteur des digues !

Extrait de l'article de Libération du 23 mars 2000 :

"...selon une autre source au sein de la DSIN, «des incertitudes existent sur la hauteur réelle des digues qui n'était pas partout celle déclarée par EDF» "

Le Collectif TchernoBlaye a demandé (le 22 septembre 2000) aux élus siégeant à la CLI de faire leur travail et d'exiger la vérité, mais cette information ne les a pas intéressés...


D'incroyables défauts de conception !

1) La question de l'isolation de la centrale, traitée ci-dessus.

2) Le rapport parlementaire de Claude Birraux, député UDF de la Savoie, confirme que l'inondation qui a touché la centrale du Blayais lors de la tempête de décembre signifie qu' "une erreur a été commise dans la conception de la plate-forme". En clair, la centrale est trop basse !!! Et comme il est bien entendu impossible de la surélever (sans le Génie de la lampe), ce terrible défaut est irréversible. Autres extraits du rapport parlementaire : "Ce serait une erreur de limiter l’analyse à la seule question de la digue : elle n’est pas seule en cause et les infiltrations d’eau n’auraient pas du avoir les conséquences qu’elles ont eu. En toute hypothèse la nécessité de construire une digue s’explique d’abord par l’insuffisance de la hauteur du remblais sur lequel a été construite la plate forme. Il est admis, et la décision de construire la digue qui n’existait pas au départ en est la preuve, que cette centrale a été édifiée a une hauteur insuffisante car, ce type d’ouvrage doit prendre en compte les événements les plus hypothétiques. Cette erreur est claire. La construction d’une digue n’aurait pas dû être nécessaire".

3) Les alternateurs ont été disposés parallèlement au bâtiment réacteur ce qui est interdit par les prescriptions actuelles : les grosses masses tournantes constituées par les rotors de ces alternateurs peuvent se disloquer (cela s’est déjà produit plusieurs fois dans le monde) et endommager l’enceinte du réacteur.

Une seule solution : "Fermeture immédiate
et définitive de la centrale du blayais !".


TchernoBlaye montre que
la centrale nucléaire du Blayais
est toujours inondable.

Document diffusé par
le Collectif TchernoBlaye

( réactualisé – novembre 2000)

(d’après des recherches de Mme Belbéoch)

Démonstration de l’insuffisance des digues
de la centrale nucléaire du Blayais :

sous-mar.jpg (58790 octets)

Phénomène naturel : lorsqu’ils sont puissants, les vents provoquent une dépression océanique qui, au voisinage des côtes, crée un " gonflement " des eaux. La mer est donc plus haute que prévu. Ainsi, le 27 décembre 99, au lieu des 2,45mNGF prévus (pleine mer à 21h48), il a été enregistré 4,46mNGF (exactement à 21h52). Le gonflement des eaux évoqué ci-dessus a donc créé une " surcote " de 2,01m.

Hauteur des vagues : le 27 décembre, les vagues ont commencé à franchir la digue vers 19h30. La hauteur d’eau prévue à cette heure était de 1,4 mNGF. La digue de protection étant à l’époque (avant travaux) à 5,2 mNGF , l’eau était donc 3,8 mètres plus haute que prévu ! La surcote étant de 1,5m (2,9mNGF mesurés au lieu de 1,4mNGF) à 19h30, il y avait donc des vagues de 2,3 mètres. Cette hauteur de vagues, reportée à 21h50, met l’eau à 6,8mNGF pour des digues à 5,2mNGF.

L’eau a donc surpassé les digues d’au moins 1,6m, ce qui est corroboré par les déclarations de Mme Griffon-Foucault, déléguée régionale d’EDF et ancienne directrice de la centrale, qui a déclaré dans Sud-Ouest en janvier dernier :la nuit de la tempête, des vagues passaient à 1 mètre, 1m50 au-dessus [des digues] ". De plus, la hauteur des vagues a inévitablement augmenté par la suite en même temps que la force du vent. Les vagues ont certainement été de 3m, surpassant la digue d’environ 2m.

Hypothèse : les vents du 27 décembre conjugués à une marée maximale :

La tempête aurait pu avoir lieu lors d’une marée de 118 dont la hauteur d’eau correspond à une cote de 3,66 mNGF à Pauillac. Avec la surcote de 2,01 m et les vagues de 2,3mètres, on arrive à près de 8 mNGF pour une digue à 6,2 mNGF. Il manque donc encore 1,8m de hauteur de digue ! Si on retient l’hypothèse des vagues de 3m, on arrive à une hauteur d’eau de 8,7mNGF : il manque encore aujourd’hui 2,5 mètres de hauteur de digue ! Le muret de 2,80m en construction sur la digue suffira-t-il ? Le système brise-houle sera-t-il réellement efficace pour que ce muret puisse résister ? Une fois de plus, la sécurité dépend de considérations bien subjectives…

(Nous pourrions aussi évoquer la possibilité d’une tempête encore plus puissante que celle du 27 décembre. Avec le dérèglement climatique de la planète, qui peut écarter cette hypothèse ?)


"Faîtes-nous confiance..."

Ils disaient : "il n'y a pas de risque d'inondation". Maintenant, ils disent "les réacteurs peuvent redémarrer, il n'y a pas de danger ". Et il faudrait leur faire confiance?

Bordeaux, 2 mai (AFP) -Redémarrage du réacteur 2 de la centrale du Blayais
L'autorité de sûreté nucléaire a décidé mardi d'autoriser le  redémarrage du réacteur numéro 2 de la centrale du Blayais (Gironde), arrêté  depuis son inondation dans la nuit du 27 au 28 décembre. Le réacteur numéro 1 de cette centrale située en bordure de la Gironde, également affecté par des inondations lors de la tempête de fin décembre,  reste arrêté.

Bordeaux, 28 mai (AFP) -Redémarrage du réacteur 1 de la centrale du Blayais
Le réacteur n°1 de la centrale du Blayais (Gironde), arrêté depuis son inondation dans la nuit du 27 au 28 décembre, a été reconnecté au réseau samedi soir, a indiqué dimanche à l'AFP la direction de la centrale. Le rechargement en combustible de ce réacteur s'était achevé le 4 mai.  La crue exceptionnelle de la Gironde lors des intempéries de décembre avait conduit à la pénétration de 100.000 m3 d'eau sur le site, dont 10.000 m3 dans les galeries souterraines situées sous les bâtiments de combustible nucléaire.

 


Un dossier sur l'accident du
Blayais chez nos amis d'Info Nucléaire

(Profitez-en pour consulter tout le site,  il est vraiment formidable).


 

Reportage photo (février 2000)

c4.jpg (6779 octets)

Les (fameuses) digues
de la centrale du Blayais

Depuis, EDF a fait quelques travaux (avril 2000) pour quelques 75 millions de francs lourds (!) : une digue réhaussée mais toujours insuffisante. Qui plus est, elle fait maintenant le tour complet de la centrale: en cas d'inondation, l'eau ne pourra plus s'écouler !

 


TchernoBlaye