Marée noire : le bluff de la centrale nucléaire du Blayais

8 janvier 2003 : la centrale nucléaire du Blayais annonce "triomphalement" de merveilleuses mesures préventives pour le cas où le pétrole du Prestige entretrait dans l'Estuaire de la Gironde et menacerait le refoidissement des réacteurs (la centrale pompe d'immenses quantités d'eau dans la Gironde).

17 janvier 2003 : confidentiellement, l'Autorité de sûreté nucléaire sermonne EDF et exige de véritables mesures : celle annoncées par la centrale nucléaire du Blayais n'étaient qu'un coup de bluff : en réalité, EDF n'avait aucune intention d'arrêter les réacteurs par précaution, tout simplement pour une question de rentabilité !

Comme d'habitude, l'Autorité de sûreté n'anonce à personne sa décision mais la publie discrètement dans un recoin de son site web, afin de se "couvrir" : si un problème surgit, leur défense sera : "mais nous avions publié cette information ! Nous avons fait notre devoir"

Fin janvier, le Collectif Tchernoblaye découvre le pot au roses et le fait connaître :


Jeudi 30 janvier 2003

Collectif Tchernoblaye

C/° Utopia, 5 pl Camille Jullian

33000 Bordeaux

 

Communiqué

 

 

Marée noire : les mesures prises par la centrale nucléaire du Blayais déclarées insuffisantes

 

 

Le Collectif Tchernoblaye dénonce la confidentialité dans laquelle a été maintenue la décision de l’Autorité de sûreté nucléaire (noyée au milieux d’informations anodines sur le site web www.asn.gouv.fr) concernant la légèreté des mesures prises par la centrale nucléaire du Blayais face à la marée noire.

 Ainsi on apprend que « l’Autorité de sûreté nucléaire, par décision du 17 janvier 2003, a imposé des conditions d’arrêt plus restrictives. »

Concrètement, les quatre réacteurs de la centrale nucléaire du Blayais doivent être arrêtés en cas d’ « entrée d’une nappe d’hydrocarbures dans l’estuaire de la Gironde, susceptible d’atteindre le site en moins de 6h00 »

Une fois de plus, il est clair qu’EDF privilégie la rentabilité à la sécurité et que la direction de la centrale nucléaire du Blayais n’applique pas le principe de précaution.

Une pollution par hydrocarbures serait susceptible, dès lors qu’elle atteindrait la station de pompage de la centrale, d’affecter ses moyens de refroidissement et ferait courir la menace d’un accident nucléaire.

 


Site web de l’Autorité de sûreté nucléaire

www.asn.gouv.fr/data/information/05_2003_blayais.asp

 

Paris, le 24 janvier 2003

NOTE D'INFORMATION

L'ASN impose à EDF des modalités d'arrêt des réacteurs de la centrale nucléaire du Blayais en cas d'arrivée d'une pollution par hydrocarbures dans l'estuaire de la Gironde

A la suite du naufrage du pétrolier « Prestige », l’Autorité de sûreté nucléaire a demandé à la centrale nucléaire du Blayais de lui préciser les dispositions prévues en cas de pollution par des hydrocarbures de l’estuaire de la Gironde.

 

La centrale nucléaire du Blayais puise son eau de refroidissement dans l’estuaire de la Gironde. Une pollution par hydrocarbures serait susceptible, dès lors qu’elle atteindrait la station de pompage de la centrale, d’affecter ses moyens de refroidissement. La perte de la source de refroidissement est prévue par les procédures de conduite accidentelle : elle nécessite d’amener les réacteurs à l’arrêt, dans des conditions de température et de pression de la chaudière nucléaire qui permettent d’assurer la disponibilité des fonctions de sûreté. Cet état est qualifié d’état de repli.

 

Des réponses fournies par EDF, il ressort que la stratégie de conduite adoptée par l’exploitant consiste à arrêter les réacteurs selon les conditions de progression de la pollution.

 

L’ASN a demandé à l’exploitant de justifier et préciser cette stratégie de conduite en ce qui concerne les critères d’arrêt des réacteurs en fonction de la progression de la pollution, et en ce qui concerne l’état de repli des réacteurs. En particulier, l’ASN estime que l’exploitant doit engager les opérations d’arrêt des réacteurs suffisamment tôt, afin que l’état de repli soit atteint au moment ou la perte de la source de refroidissement est possible.

 

Dans l’attente de ces éléments et de leur analyse, l’Autorité de sûreté nucléaire, par décision du 17 janvier 2003, a imposé des conditions d’arrêt plus restrictives.

 

L’ensemble des réacteurs de la centrale nucléaire du Blayais doit être arrêté et amené dans l’état de repli prévu par les procédures de conduite en cas de perte de la source de refroidissement, dans les cas suivants :

 

- entrée d’une nappe d’hydrocarbures dans l’estuaire de la Gironde, susceptible d’atteindre le site en moins de 6h00,

- arrêt automatique d’une pompe de refroidissement du condenseur par encrassement significatif des tambours filtrants de la station de pompage dû à la pollution

 

TchernoBlaye